Le Nouveau Praticien Vétérinaire canine & féline 2023;20(84):5

Maîtriser le champ complexe de l’hépatologie vétérinaire (suite)

Ghita Benchekroun et Valérie Freiche

Depuis une vingtaine d’années, l’hépatologie prend enfin son essor en médecine vétérinaire. Si elle fait l’objet constant de recherches et de publications, sa complexité freine encore certains praticiens dans la prise en charge et la gestion des cas qui leur sont présentés : en effet, le foie est un organe dont l’anatomie est complexe et les fonctions multiples. L’étiopathogénie de nombreuses entités n’est toujours pas cernée. Plus particulièrement, les maladies hépatiques chroniques nécessitent la réalisation de biopsies selon des recommandations techniques bien définies pour aboutir à un diagnostic précis. Au-delà de l’analyse histologique, des cultures, analyses PCR et dosage de métaux lourds sont parfois indispensables pour établir l’origine de l’hépatopathie.

Dans la première partie de ce dossier, publiée sous le numéro 83, nous avons abordé la réalisation des biopsies hépatiques et les clés de l’interprétation de l’analyse histologique, qui doit être confiée à des pathologistes expérimentés, en lien constant avec les cliniciens.

Nous avons également souhaité reprendre les étapes de la démarche diagnostique en revenant sur l’imagerie du foie et des voies biliaires qui constitue une étape essentielle. L’examen d’imagerie le plus disponible et utilisé est bien entendu l’échographie, mais le scanner comporte plusieurs indications, notamment face à une suspicion d’affection vasculaire.

Nous avons également abordé chez le chien les hépatites chroniques ainsi que les shunts porto-systémiques et, chez le chat, la prise en charge de la lipidose hépatique.

Dans ce numéro, nous allons présenter les hépatopathies vacuolaires, qui ne s’accompagnent pas de signes cliniques d’atteinte hépatique, mais sont souvent le reflet d’une affection sous-jacente, comme une maladie hormonale qui justifiera une prise en charge spécifique.

Chez le chat, en dehors de la lipidose hépatique, les cholangites sont également des affections très fréquentes, et s’accompagnent de signes cliniques souvent non spécifiques : fièvre, ictère, ou signes digestifs, voire perte d’appétit et prostration. Leur diagnostic peut être difficile à établir car il requiert souvent la réalisation de biopsies, une culture bactérienne et une analyse histologique. Cependant, pour les cholangites neutrophiliques, le diagnostic peut être fortement présumé face à un tableau clinique et biologique évocateur, et une culture bactériologique de bile positive.

Les tumeurs hépato-biliaires sont également évoquées cette seconde partie : qu’elles soient métastatiques ou primaires, les options thérapeutiques et leur pronostic sont très variables selon leur nature. Un diagnostic précis est indispensable pour guider le propriétaire au mieux dans les choix de la prise en charge.

Enfin, en présence de signes nerveux, il est important d’exclure l’hypothèse d’une encéphalose hépatique, ou si celle-ci est avérée, de mettre rapidement en place un traitement ciblé. L’article portant sur ce sujet reviendra sur les éléments diagnostiques, mais surtout sur la prise en charge thérapeutique en urgence, puis au long cours.

Pour clore ce dossier, deux cas cliniques permettront d’illustrer l’importance d’une démarche clinique séquentielle et raisonnée. Nous présenterons le diagnostic d’une hépatite chronique cuprique chez un chien et un cas de cholangite chez un chat.

L’objectif de ce dossier très complet était d’aborder les sujets les plus pertinents pour se « réconcilier » avec l’approche des maladies hépatiques : nous espérons que vous prendrez autant de plaisir que nous à découvrir ces articles, et nous vous souhaitons une très bonne lecture !

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