Ulcères cornéens
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Editorial
Numéro
Le Nouveau Praticien Vét canine & féline
Volume 21, Numéro 88, 2024
Ulcères cornéens
Page(s) 5 - 5
DOI https://doi.org/10.1051/npvcafe/2024038
Publié en ligne 20 novembre 2024

Il y a plus de 20 ans, Maryvonne Barbaray, fondatrice et ancienne directrice de publication de la revue Le Nouveau Praticien Vétérinaire, nous avait proposé de coordonner le premier dossier consacré à un sujet d’ophtalmologie (« Les pertes de transparence de la cornée chez le chien et le chat », paru en juin 2003). En raison de la forte prévalence des consultations dédiées à la cornée, et après une série de sujets éclectiques que nous avons eu également le privilège de proposer aux lecteurs (les anomalies de position du globe oculaire, la chirurgie des paupières, la cécité, l’œil et les maladies générales…), cette structure revient sur le devant de la scène avec le grand chapitre des ulcères de cornée.

La cornée a toujours fasciné les hommes intéressés par cette discipline, et ce, dès l’Antiquité (Hindous anciens, aux environs de 2500 avant Jésus-Christ, ocularistes égyptiens…). D’apparence simple et comparée de façon métaphorique à une « fenêtre » ou une « vitre », elle cache en réalité une anatomie multicouche hautement complexe dotée de caractéristiques uniques dans l’organisme. Exceptionnel tissu transparent, il est doté du réseau le plus riche en fibres nociceptives, qui en fait une des zones les plus sensibles du corps. Partie antérieure et convexe du globe, elle permet de converger les rayons lumineux vers le cristallin puis sur la rétine, demeurant, à ce titre, l’élément réfractif le plus puissant du dioptre oculaire.

Tissu mince, donc fragile, la cornée relève aussi le défi d’être une interface entre l’environnement extérieur et les milieux intra-oculaires. L’ulcère de cornée se définit comme une perte de la couche épithéliale associée à une atteinte du stroma cornéen, à la différence sémantique de l’érosion qui respecte l’assise basale de l’épithélium. Ses causes sont multiples et sa présence détermine douleur (souvent inversement proportionnelle à la profondeur), perte partielle ou complète de transparence à l’origine d’amblyopie, voire de cécité, et amincissement, donc fragilisation possible de cette structure.

L’examen clinique doit être rapide, structuré et minutieux afin d’aboutir à un classement étiologique, pronostique et donc thérapeutique. La compréhension de la physiopathologie de la cicatrisation cornéenne demeure également un paramètre clé dans la conduite à tenir et est rappelée dans ce dossier (article d’H. Arnold-Tavernier). Le simple test à la fluorescéine associé, si possible, à l’observation au biomicroscope en fente est souvent largement suffisant dans la pratique quotidienne. La tomographie en cohérence optique (OCT) est une technique d’imagerie médicale plus spécialisée, actuellement bien établie, qui utilise les infra-rouges avec une résolution du micromètre et dont les indications pour la cornée sont précisées (article de F. Famose).

L’examen clinique doit être rapide, structuré et minutieux afin d’aboutir à un classement étiologique, pronostique et donc thérapeutique.

Les causes sont nombreuses, parfois complexes, car combinées, et sont présentées de façon monographique et pratique (article d’O. Jongh). La conduite thérapeutique est d’ordre médical avec un versant plus « classique » (article de V. Meunier qui rappelle la fonction essentielle de chaque principe actif utilisé, comme les cycloplégiques, les antibiotiques, les cicatrisants, etc.), associé parfois à des thérapies novatrices apparues ces dernières années comme la technique du cross-linking et la iontophorèse (article de F. Famose). Le recours à la chirurgie reste parfois incontournable pour les très fréquents ulcères chroniques superficiels (articles de A. Caillon & J.-Y. Douet), voire pour combler un déficit tissulaire profond ou rapidement évolutif. Les choix des nouveaux biomatériaux et les techniques chirurgicales à visée tectonique sont tributaires des résultats souhaités et des habitudes des microchirurgiens (second article de A. Caillon & J.-Y. Douet).

L’objectif de ce dossier thématique du Nouveau Praticien Vétérinaire est donc de rappeler les bases fondamentales d’un des plus grands motifs de consultation en ophtalmologie des carnivores domestiques, tout en fournissant les données sémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques les plus récentes, développées ces dernières années en médecine vétérinaire.


© EDP Sciences, 2024

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